Les discussions budgétaires se poursuivent, alors que la perspective d’un vote s’éloigne de plus en plus. Le calendrier de l’Assemblée nationale prévoyait officiellement un vote ce mardi 4 novembre sur la première partie du projet de loi de finances (PLF) 2026, qui a finalement été repoussé puisque les députés devaient également commencer mardi à étudier le projet de loi sur le financement de la sécurité sociale, et que plus de 2000 amendements sur le volet recettes restaient à examiner.
Rappelons que l’assemblée nationale dispose de 40 jours pour adopter le PLF en première lecture, soit jusqu’au 23 novembre à minuit, date à laquelle le texte doit être envoyé au Sénat. Et au total, le Parlement a 70 jours pour examiner et voter le PLF. Ce délai expirera le 23 décembre à minuit. Sans adoption du PLF par le parlement, le gouvernement pourrait mettre en œuvre le budget par ordonnance. Pour information ce recours aux ordonnances pour le budget, bien que prévu par la Constitution de la Ve république, n’a jamais été utilisé. Le gouvernement pourrait également, en cas de rejet du PLF par le Parlement, recourir à une loi de finances spéciale, comme l’an dernier (source www.vie-publique.fr).
Mais donc, lors de l’examen de la première partie du projet de loi de finances, consacrée aux recettes de l’Etat, les députés ont notamment approuvé la défiscalisation des heures supplémentaires, rejeté la taxe Zucman (y compris sa version remaniée par les députés PS) et relevé le taux d’imposition des Gafam.

Concernant les radios associatives telles que Radio Plus, elles se font amputer d’une grande partie de leurs revenus dans ce projet de loi de finances, avec 44 % de réduction du Fond de soutien à l’expression radiophonique (FSER). Il faut savoir que le FSER représente entre 40 et 60% du budget d’une radio associative. Et surtout cette baisse drastique des moyens alloués aux radios associatives est sans commune mesure avec les autres aides allouées au secteur dans la ligne budgétaire consacrée à la presse et aux médias : le budget de l’AFP progresse, celui de l’aide à la presse baisse de 6%, celui du soutien aux « médias de proximité » reste inchangé, et celui des compagnies internationales de radio et de télévision également. Cette forte baisse affecte le moral des radios concernées et suscite la colère et l’incompréhension.

Le PLF prévoit aussi, pour 2026, une baisse des crédits de l’audiovisuel public de 70,9 millions d’euros. Rappelons que le gouvernement avait pour ambition lors de la présentation de son PLF de réduire les dépenses de l’État de 17 milliards d’euros.
Avec beaucoup moins de moyens, un grand nombre de radios associatives risquent purement et simplement de mettre la clé sous la porte. Le secteur emploie actuellement près de 3000 salariés en France. Si cette baisse se confirme, ce sera dramatique pour l’emploi.
L’offre sera moins qualitative et pourrait entraîner une désertification et un désintérêt du secteur. Et ce alors que les radios associatives étaient déjà menacées l’année dernière avec le gouvernement Barnier qui avait envisagé une coupe du FSER de 30 %.
Pourtant, les radios associatives en France jouent un rôle significatif sur les plans sociaux et culturels : elles remplissent des missions primordiales d’intérêt public et de cohésion sociale. De plus elles occupent une place indispensable dans le paysage médiatique local, en donnant la parole à nombre de structures associatives, culturelles, et nombre de personnes qui ne l’ont très peu ou jamais et également à nombre de structures institutionnelles. Cette baisse de moyens sans précédent constitue une menace pour la démocratie et le pluralisme médiatique, notamment local.
Il existe plus de 700 radios associatives en France, réparties sur l’ensemble de l’hexagone, y compris dans les zones rurales, de montagne, urbaines et périurbaines. Ces radios fonctionnent sur un modèle à but non-lucratif, leur principal objectif étant d’offrir un service de proximité, souvent éducatif ou culturel. Sur l’emploi elles servent souvent de tremplin à de futurs journalistes et animateurs, et demeurent un incubateur important de nouveaux talents, tout en s’appuyant également sur le travail ô combien important de nombreux bénévoles.

Leur impact est loin d’être négligeable : elles ont un effet important sur les territoires. Elles permettent de mettre en avant des initiatives locales souvent relayées au second plan par les médias traditionnels, elles sont aussi présentes lors d’évènements fédérateurs (festivals, évènements sportifs comme le Tour de France ou la coupe de France , évènements associatifs et culturels), elles organisent parfois aussi des manifestations et contribuent ainsi au dynamisme de la vie locale, elles soutiennent les artistes locaux en développement (c’est précisément le cas en ce moment même au festival Crossroads à Roubaix qui est retransmis sur nos ondes), Elles participent aux forums de l’emploi, à la formation des jeunes grâce à leur important travail d’éducation aux médias, et offrent de nombreuses formations aux extérieurs comme aux bénévoles, salariés et services civiques dans le domaine radiophonique et audiovisuel.


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Article rédigé par Léo Rousseau, revu et corrigé par Jean-Phlippe Planque
Radio Plus Haut de France radioplus Bien Plus qu'une radio à Lens, Béthune, Hénin Beaumont, Arras, Lille.